Le soleil ne brillera plus – Marc 13 – Daniel 12

Observatoire de Haute Provence - CNRS

Textes bibliques

Marc 13 :24-31

[…]Les gens souffriront beaucoup. Le soleil ne brillera plus, la lune ne donnera plus sa lumière. 

Les étoiles tomberont du ciel et les puissances qui sont dans le ciel trembleront. 

[…]

Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. »

[…]

Faites attention ! Ne dormez pas. En effet, vous ne savez pas quand ce moment viendra.

Daniel 12 :1-3

Et dans ce temps-là se lèvera Micaël, le grand chef qui tient pour les enfants de ton peuple. Ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là. Et en ce temps-là ton peuple échappera, [savoir] quiconque sera trouvé inscrit dans le livre.

[…]

Ceux qui [en] auront rendu [d’autres] intelligents resplendiront comme la splendeur de l’étendue, et ceux qui en auront conduit beaucoup à la justice seront comme les étoiles, à toujours et à perpétuité.

Méditation

le soleil ne brillera plus, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances qui sont dans le ciel trembleront…

C’est l’apocalypse ! Le désastre ! La fin du monde ! Et ça, c’est ce que dit le texte du jour, mais quelques versets plus loin, on lit « Malheur à celles qui seront enceintes ou qui allaiteront un enfant, on tuera, on détruira… » Quand j’étais enfant, cette lecture, faite à l’office du dimanche, m’avait terrorisé, je la prenais au premier degré ! Et peut-être même que le lecteur de ce jour-là prenait aussi ce texte au premier degré. Je ne lui ai pas demandé !

Ce genre littéraire, dit « apocalyptique », était logique à l’époque où les évangiles ont été écrits. C’était le temps de l‘occupation romaine brutale, la destruction du temple, et alors ce style catastrophiste était bien compréhensible. On peut aussi évoquer – et on le fait rarement – un phénomène naturel apparu à cette époque, en 65-66 environ, la comète de Halley – qui a terrorisé des millions de gens au cours des siècles – dont le passage cyclique tous les 75 ans a pu inspirer l’annonce que les étoiles tomberont du ciel !

Notre époque est redevenue friande de ce genre-là, la pandémie, le réchauffement climatique, les visées expansionnistes chinoises ou russes…

Je ne vais pas m’appesantir sur les causes du renouveau actuel de cette posture. Mais en revanche, puisqu’il s’agit de la fin du monde, de la fin des temps, de la disparition du monde tel qu’il existe aujourd’hui, je me suis demandé « mais quel est ce monde qui risque de disparaître ? »

Quel est ce monde qui risque de disparaître ?

On peut faire diverses hypothèses. Cela va de la dégradation du littoral à la fin de l’espèce humaine. J’ai quant à moi réfléchi à celle-ci : et si c’était non pas l’humanité toute entière mais le christianisme lui-même qui risquait de disparaitre ?

Cette idée peut paraître choquante, mais réfléchissons-y sans crainte et sans a priori.

Ce qui me fait envisager cette … possibilité, c’est le texte de Daniel : « ceux qui en auront rendu d’autres intelligents, ceux qui en auront conduit beaucoup à la justice… » – en substance, ceux qui auront été, pour d’autres, des instruments du salut – ceux-là resplendiront comme les étoiles, à tout jamais.

Être pour les autres des instruments du salut, servir de modèle en quelque sorte, c’est ce que doit faire chacun de nous, non pas pour « resplendir comme une étoile », mais plus modestement pour que, demain, les générations puissent trouver un sens à leur vie.

Est-ce que nous sommes dans ce type de mouvement ? Est-ce que les messages des églises vont dans ce sens – rendre les autres plus intelligents et en conduire beaucoup à la justice ?

À mon sens non, aujourd’hui, les églises ne parlent plus qu’à elles-mêmes, elles se vident, les nouvelles générations ne croient plus, à tout le moins, ne pratiquent plus, et on peut penser que la pratique religieuse chrétienne sera, d’ici dix à vingt ans, réduite à quelques groupes intégristes qui perpétueront les traditions dans des lieux de culte en ruine.

Mais on peut être d’un autre avis, bien sûr.

Alors comment faire ?

Bien. Mais alors, comment faire partie de ceux – comme dit le texte – « qui en auront rendu d’autres intelligents, ceux qui en auront conduits beaucoup à la justice… » ? Qui se donnera cette peine ? Qui accomplira cette tâche et surtout, comment ?

Il me semble que l’évangile de Marc nous donne deux pistes pour savoir quoi faire :

  • « Faites attention ! Ne dormez pas » : le protestantisme – je devrais dire « le christianisme » – a vocation à être progressiste, à provoquer les événements et les évolutions – et non à les suivre – à se préoccuper de ce qu’il y a à l’extérieur du temple – et pas seulement à rester entre-soi portes closes. Première piste
  • deuxième piste : au chapitre 14, Marc nous raconte l’histoire d’une femme qui répand du parfum sur la tête de Jésus, geste étonnant et qui agace les disciples « officiels ». Jésus a cette phrase qui, à moi, me parle : elle a fait ce qu’elle a pu !

Alors, c’est peut-être plus simple qu’il n’y parait : ne pas s’endormir dans la torpeur d’une institution qui n’a plus rien à dire sur les changements du monde, s’ouvrir à « l’autre », celui qui ne croit pas, qui ne fait pas comme nous mais qui pourrait entendre un autre langage que celui d’une tradition dépassée, et aussi, faire ce qu’on peut soi-même, sans attendre que cela vienne d’en-haut, que ça vienne peut-être, un jour, ou pas…

Ceux qui décident – comme votre serviteur – de « faire ce qu’ils peuvent sans attendre que ça vienne de l’institution », ils ne sont pas si rares et exceptionnels que l’on peut croire, Coluche a créé les restos du cœur en disant « les responsables disent qu’ils ne savent pas quoi faire, eh bien nous on a trouvé quoi faire et on le fait ». Et j’ai envie de vous livrer cette réflexion d’un grand résistant, Hubert Germain, qui disait en 1940, partant pour l’Angleterre, « je vais à Londres reprendre la guerre que vous avez perdue ».

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4 réponses

  1. Juliette dit :

    Je n’avais jamais prêté attention au verset sur ceux qui rendent les gens intelligents et/ou qui conduisent à la justice… Merci !

    • gill4548 dit :

      Les diverses traductions donnent en général “les gens intelligents”. Ici j’ai choisi la Bible Annotée 1899, parce que j’aime bien cette idée. Merci à vous.
      Gilles Carbonell

  2. CAYLA Roseline dit :

    J’ai consulté quelques Bibles à propos du v.3:
    TOB (1988):les gens réfléchis; eux qui ont rendu la multitude juste. (Bon! si l’on considère que seul “Dieu” rend juste, cela peut vouloir dire,” eux qui ont libéré la multitude en lui donnant l’image d’un Dieu libérateur, un Dieu qui rend juste, un Dieu qui ne condamne pas”?
    Chouraqui(1989): les perspicaces ; les justificateurs des multitudes.
    Bible de Jerusalem (1998): les doctes ; ceux qui ont enseigné la justice.
    Segond (2007) ceux qui auront été perspicaces; ceux qui auront enseigné la justice.

    Même sens, me semble-t-il, dans toutes ces traductions qui gardent l’idée de justice ( dans le sens de “justification”) . On est loin de l’idée d'”intelligence” non? En dehors de la traduction que tu indiques, quelles sont les “diverses traductions qui donnent “les gens intelligents”. Cela m’intrigue!

    • gill4548 dit :

      Bel effort !
      Mais tu as raison, on peut consulter toutes les traductions possibles, en français, en anglais, dans le latin de la Vulgate, dans le grec de la Septante, on trouve toujours le même point de vue : intelligents, sages, doctes, avisés, etc. Toutes les traductions sauf une, la “Bible annotée 1899”. Dans cette vision, certains seront “inscrits dans le Livre” parce qu’ils auront été des instruments de salut sont les “docteurs pieux” qui auront bien instruit leurs frères et les prêtres qui auront “justifié” (rendu justes) les autres par les prières et les sacrifices. Pour ma part, je préfère me ranger dans la première catégorie !

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