Comment vivre la Covid quand on a 20 ans ?

Nous rendons-nous bien compte de ce que les jeunes (entre 15 et 25 ans) vivent aujourd’hui ?

Ils font face à des changements majeurs auxquels ils ne sont pas nécessairement bien préparés. Les familles ont fait ce qu’elles ont pu, mais elles ne connaissent pas si bien leurs jeunes qu’elles voudraient le penser. C’est frustrant, mais de ce fait, il est difficile de trouver le bon échange qui les convaincra de prendre les conseils expérimentés sur-le-champ !

Des messages décourageants

Les jeunes, à cause de leurs expériences de vie plus courtes, ont des stratégies d’adaptation bien moins nombreuses que celles des adultes. Ils doivent apprendre à s’affranchir de la dépendance affective et matérielle de l’enfance, tout en ayant besoin de se faire des amis pour surtout ne pas être seuls.

Pour ne pas cumuler les difficultés, ils doivent être à tout prix dans la bonne moyenne en tout : « prendre de la maturité » et du savoir-faire, dans presque toutes les dimensions de vie (famille, école, relations amoureuses, amicales, développement moral et civique, choix d’une formation ou d’un avenir, etc.).

Ils vivent parfois des pertes importantes : séparation ou divorce des parents, conflits personnels, perte d’un proche, perte d’une partie de leur enfance sans mots pour l’exprimer… Ils sont exposés quotidiennement à des messages décourageants, celui d’un avenir sans débouché et sans perspective d’emploi, d’une concurrence à l’intelligence diplômante.

Alors posons-nous la question : nous rendons-nous vraiment compte de leur impossibilité à accueillir autant de messages, d’exigences, avec une vie encore trop courte pour tout comprendre et à temps ? Non sans doute. Mais nous ne pouvons rien faire ! C’est l’évolution sociale dirons-nous ! Si les aider dans ce qui vient d’être décrit nous semble une tâche démesurée, un costume trop grand, une mission trop lourde, dans ces conditions, concentrons-nous au moins sur celle qui vient tout juste d’arriver. Commençons par elle ! Laquelle ?

Faire ensemble

Aujourd’hui, vient s’ajouter une difficulté nouvelle, supplémentaire : la vie du jeune est touchée par la réduction massive de la rencontre des autres. Le temps libre, ensemble, à l’extérieur, a été réduit , le rassemblement par les activités sportives est encore sous contrôle restrictif (gestes barrière obligent), les regroupements chez les copains sont “déconseillés”.

À l’aune de nos préoccupations légitimement “prioritaires” (professionnelles, économiques, sanitaires), nous pensons qu’ils peuvent bien attendre. Après tout, leur manque du contact avec les autres est un manque « de confort » pourrait-on dire ! Et le souci du luxe, assurément, c’est pour plus tard !

Mais c’est une lourde erreur que nous faisons : leur développement cérébral a besoin de rencontre, de sociabilité, de choses à venir, d’un « faire ensemble », surtout chez ceux qui sont déjà, sinon isolés, du moins réservés, mal assurés (donc 80 %). Pour eux, les SMS ne suffiront pas à sentir qu’ils ont un avenir à venir, c’est-à-dire simplement la perspective de se sortir de ce qui ne va pas.

Aujourd’hui, nul besoin d’être dans une famille violente pour risquer de glisser vers des idées sombres. Il suffit seulement d’aller mal avant et devoir ensuite vivre les restrictions de leur liberté…

Que faire ?

Des associations se soucient d’expliquer aux parents comment leur parler de manière plus adaptée, comment repérer leurs idées dépressives, voire plus…

Cependant nous avons trop souvent peur de ce que ces associations soulèvent comme problématiques réelles et graves chez les jeunes. Nous n’allons pas longtemps voir leurs sites. Tout de même, nos jeunes semblent aller mieux que ceux décrits de manière alarmante. Alors, pour aller vers lui sans nous décourager trop vite, commençons par les moyens que l’on peut tous adopter.

Prenons le temps de comprendre sa perception. Renonçons un peu à vouloir analyser, comparer la situation qu’il évoque. Évitons de poser trop de questions. Respectons les silences et le rythme de ses paroles. Prenons-le au sérieux. Exprimons-nous calmement durant nos échanges avec lui. Évitons de juger ou de faire la morale. Ne minimisons pas ce qu’il vit, évitons les clichés : « Voyons, un de perdu, dix de retrouvés ! », « il y a des gens qui ont vécu des choses pires que ça, tu sais ! », « Prends-toi en mains et ça ira ! ».

Et surtout, acceptons que même si notre famille va bien, lui peut aller moins bien. Même si notre famille n’a pas de problème récurrent, un professionnel est toujours à notre disposition pour parler de notre adolescent.

La solution n’est pas toujours de le conduire chez un professionnel de l’écoute ou un thérapeute. Essayons en premier de réaliser qu’il n’y a rien de pathologique ni d’anormal à vouloir, nous-mêmes, parler de lui à un tiers !

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